Dès les premiers temps de l’Eglise, l’identité du Christ fut la question centrale de la théologie chrétienne. Et d’emblée, la difficulté, pour les hommes, est venue de ce que la question n’a pas été posée en premier par les chrétiens, mais par Jésus lui-même :
« Pour vous, qui suis-je » ? (Mt 16).
Pour la première fois dans l’histoire religieuse, la vérité n’est pas envoyée depuis le haut du Ciel, parlant par la voix des prophètes, mais elle est posée là, laissée au milieu des hommes, exposée à leur jugement, donc vulnérable. C’est que le Verbe s’est fait chair, qu’il est venu habiter parmi nous, et qu’ici, parmi nous, il est véritablement un homme. Il n’est pas la voix de Dieu qui appelle Adam, il n’est pas le buisson ardent qui attire l’attention de Moïse, il est un homme parlant de sa voix d’homme aux autres hommes qui l’entourent. Cette extraordinaire humilité de Dieu, en élargissant ainsi la liberté de la foi – car la foi sans la liberté est fausse, ou bien elle se réduit au savoir des démons – expose le Verbe à l’arbitraire des hommes, et jusqu’à leurs coups, jusqu’à la crucifixion décidée librement par les hommes, acceptée librement par Jésus.
Qui est Jésus ? Sous l’antiquité, un homme important devenu dieu n’est pas si rare, et bien des chrétiens écouteront la Bonne nouvelle de cette oreille. Dans l’autre sens, la mythologie est remplie de ces dieux qui, par leur commerce avec des mortelles, ont engendré un homme divin, un demi-dieu, une demi-déesse : d’autres croyants l’entendront ainsi. Dès les premières hérésies, on voit des chrétiens trébucher sur cette seule question de l’identité de Jésus, et ne pas réussir à s’affranchir de leur mentalité païenne.
En balayant l’histoire chrétienne jusqu’à nos jours, j'ai tenté de montrer ici que les hérésies ont la même racine : le rejet, conscient ou inconscient, du mystère lui-même de l’Incarnation. A défaut d’hérésie, on décèle dans le milieu chrétien des sensibilités, des tentations que, par le biais de leur mentalité primitive, les hommes auront toujours, d’enfermer l’Evangile dans leur univers religieux ordinaire, connu depuis l’aube de l’humanité. C’est ce qui fait du christianisme une foi perpétuellement nouvelle, toujours appelée à naître et à grandir, parce qu’en Jésus, vrai Dieu et vrai homme, elle ne peut ni vieillir ni mourir.
On sait que le paganisme consiste à prendre la forme pour le fond.
La foi en la Bonne nouvelle a vocation à se substituer aux dévotions païennes. Mais la psychologie primitive naturellement religieuse de l’homme peut lui opposer ses résistances : c’est le danger qui attend le chrétien. En somme, la religiosité naturelle ou instinctive de l'homme le fait pencher plutôt vers le paganisme : il faut au chrétien faire un effort constant pour que "le vin nouveau ne soit pas mis dans de vieilles outres, sinon les outres éclatent et le vin se répand" (Matthieu 9,17)
Ce livre rappelle les principes fondateurs du mariage chrétien, et la conception paradoxale (mais aujourd'hui dépassée depuis saint Paul VI) que plusieurs Pères, parmi les plus éminents comme st Paul, st Augustin, st Thomas, had de la sexualité dans le mariage . Nous y suivons l'évolution de la discipline de l'Eglise, à peu près constante jusqu'à une minuscule lueur nouvelle chez Pie XII, une timide ouverture chez saint Paul VI, une véritable révolution des mentalités avec le tandem saint Jean-Paul II et Benoît XVI, que François souhaiterait s'inscrire dans la discipline commune.
Comme la plupart des catholiques ne lisent pas les encycliques, ils ignorent l'enseignement du magistère : ils apprendront surprenant d'apprendre par exemple qu'il n'y a aucune rupture mais parfaite continuité entre le pape François et le cardinal Ratzinger, lequel, dans une lettre envoyée aux évêques en 1994, fait preuve d'une volonté de discernement méconnue des milieux qui se contentent de classer le papier actuel, et son détruit parmi les conservateurs.